Église Saint-Étienne

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L’église d’Éclaibes est située au centre du village et sur la partie haute (163 mètres au-dessus du niveau de la mer), dominant la vallée du ruisseau des « Cligneux ». Elle fait pendant au château-fort, dont la fondation remonte au XIème siècle, situé sur l’autre versant, au confluent des ruisseaux du Moulin et de la Warenne. Elle fait partie de la paroisse Saint-Vincent en Val de Sambre.

Cette église est parmi les plus anciennes de la région, comme en témoigne l’estampe du prince De Croÿ consacrée au village qui date de 1597. C’est un édifice de dimensions modestes, dont la forme actuelle est en croix latine, comprenant une courte nef, un transept fait de croisillons dissymétriques et un chœur terminé par un chevet 3 pans. Le raccord du transept sur le bâtiment principal se fait par une voûte plein cintre sur gothique.

L’église possède un chœur majestueux et monacal. C’est grâce à l’abbé Lefebvre, curé de Beaufort et observant à Éclaibes, que nous pouvons admirer le chœur actuel. Il entreprit dans les années 1977/78 le décapage de la voûte qui était badigeonnée de plusieurs couches de chaux. Pour découvrir une superbe voûte faite de petites briques rouges s’appuyant sur une arcature de pierres bleues dégageant 4 clés de voûte. L’une porte l’inscription « Magdeleine d’Egmont, princesse de Chimay et du Saint Emp(ire) », au centre, un écu finement gravé qui devait être le blason du seigneur d’Éclaibes, prince De Croÿ, sur une autre clé, figurent le monogramme IHS et la date de 1629.

Évoquons brièvement son histoire :

Qui était Saint-Étienne ?

Étienne, qui porte un nom grec (un helléniste), apparaît parmi les disciples des apôtres dans la 1ère communauté chrétienne de Jérusalem. Ayant prêché la bonne parole, on se saisit de lui, on l’entraîne, on le lapide. Étienne meurt comme son maître, pardonnant et s’abandonnant entre les mains du Père. Il est le premier martyr de la chrétienté.

L’histoire de l’église Saint-Étienne d’Éclaibes est peu connue. Cette petite église a laissé de rares témoignages dans les archives. De construction robuste, elle a traversé les siècles sans demander beaucoup de réparations et sans laisser d’éventuelles traces écrites. En dépit des guerres et des destructions intervenues au XVIème et au XVIIème siècles, les maçonneries faites dans la pierre dure locale, assisée et liée au mortier sont assez bien conservées.

En 1162, Nicolas, évêque de Cambrai, concède l’autel d’Éclaibes à l’abbaye de Liessies.

La date présumée de sa construction ou reconstruction est de 1568/1569. Il a été relevé côté sud de la sacristie, un blason indéchiffrable et une date de 1592, côté nord de la nef la date de 1626 et côté sud du chœur, 1629. Enfin le clocher porte une inscription « REEDIFICATUM 1889 ».

A l’origine, l’église était réduite à une nef plus petite. Puis en 1628, considérant l’église trop petite, les « manants » d’Éclaibes en demandèrent l‘agrandissement. Ils décidèrent de bâtir un chœur. L’abbaye de Liessies ne voulant pourvoir aux frais, la famille de Cröy, qui occupait alors le château, contribua au financement du chœur. Vous pourrez admirer au centre de la voûte les armoiries de la famille et de Madeleine d’Egmont, princesse de Chimay et du Saint-Empire, épouse d’Alexandre de Cröy, seigneur d’Éclaibes. La construction du transept dissymétrique date de la même époque, début du XVIIème siècle.

Éprouvée par un manque d’entretien prolongé, l’église présentait, en 1888, un état alarmant. Le clocher de charpente qui surmontait la façade menaçait de s’écrouler et la structure de bois des fausses voûtes de la nef était partiellement pourrie. Plutôt que de la reconstruire entièrement, le conseil municipal de l’époque décida d’allonger la nef de quelques mètres et de la faire précéder d’une tour-clocher en briques abritant un passage d’entrée.

Découvertes lors de la restauration de l’édifice entreprise entre 2011 et 2013

« Cette vieille dame » avait subi au fil du temps des dégradations et elle méritait bien quelques restaurations.

Comme attendu par notre architecte du patrimoine, le vestige d’une baie romane sur la façade nord de la nef a été confirmé. A l’époque, les édifices (église, cloître, monastère,…) sont très sombres. Les bâtisseurs songent alors à faire pénétrer, sans risque pour la construction, la lumière. Ils imaginent des ouvertures étroites, les « baies » en plein cintre, avec double ébrasement par une taille en biais vers l’intérieur, afin d’y faire entrer le maximum de lumière. La démolition, pierre par pierre, du bouchement de cette baie a été menée. On a retrouvé des traces de scellement et de l’enduit couvrant l’ébrasement d’origine. Aussi, pour sa valeur patrimoniale et pédagogique, nous avons décidé d’ouvrir cette baie et pour la fermer, d’y placer un panneau verrier à verres losangés au plomb. L’existence de cette baie de style roman, style en vigueur durant la période du XIème au XIIIème siècle, laisse penser que l’église date de cette époque.

Par ailleurs, lors de la dépose de la couverture du transept sud, nous avons fait la découverte fortuite et émerveillée de l’ancienne charpente en chêne ouvragée d’origine du début du XVIIème. Il nous a semblé intéressant de valoriser cet ensemble quant à l’évolution de l’église, par la restitution de la voûte lambrissée.

Les 2 colonnes encadrant le bras du transept sud ont été purgées des enduits, nettoyées et rejointoyées. Ainsi, elles s’harmonisent avec les pierres de voûtement du chœur.

En sortant, ne manquez pas, toujours sur le transept sud, la wambergue, sorte de pignon rehaussé d’un muret en rive qui protège la couverture du vent. Cet ouvrage a également retrouvé sa configuration d’origine du début du XVIIème.

Vous noterez, toujours à l’extérieur, la réfection des abat-sons sur la tour du clocher. (dispositifs à lames destinés à rabattre le son des cloches vers le sol).

Mobilier présent dans l’église

Le mobilier comprend un confessionnal classé au Monument Historique du 18ème siècle. La chaire de vérité en bois et les stalles en bois verni dans le chœur ne sont plus en place.

Quelques statues dont :

Saint-Étienne (MH) du 16ème siècle, patron de la paroisse,

Sainte-Brigitte, buste reliquaire en bois sculpté polychromé du 18ème siècle.

Saint-Anne, Saint-Arnoult, Saint-Sébastien, Saint-Roch, Vierge à l’enfant et Saint-Éloi en bois sculpté polychromé du 18ème siècle.

L’église Saint-Étienne d’Éclaibes sur le chemin de Compostelle ?

Les pèlerins du Moyen-âge partaient de chez eux en empruntant les grandes voies de communication de l’époque. Il existe une véritable toile d’araignée de chemins, qui traversent Wallonie et Flandre pour converger vers les points d’entrée menant à Compostelle et qui pouvaient passer par Éclaibes. Vous observerez, dans le chœur de l’église, dans chacune des niches qui abritent Sainte-Brigitte et Sainte-Anne la représentation de la célèbre coquille Saint-Jacques. Cet apôtre, dit le Majeur, qui aurait évangélisé l’Espagne, avant d’être décapité à Jérusalem vers l’an 44, sur ordre du roi Hérode Agrippa. La voie verte, chemin de randonnée qui traverse l’Avesnois, fait partie d’une véloroute européenne qui relie Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne.

Cette église, au centre du village, entourée de son cimetière, bien préservée, est un témoin intéressant et authentique de l’architecture rurale de l’Avesnois. Elle constitue l’âme du village. Il était important de protéger ce patrimoine qui appartient à tous et qui est la marque du travail des générations qui nous ont précédés.

Nous avons mis à profit la restauration de l’église pour entreprendre celle du mur d’enceinte du cimetière sur lequel vous trouverez des dalles funéraires, dont la plus ancienne sculptée et gravée, précise : « Icy repose le corps du sir Deridau concierge du château d’Esclaibbes décédé le 15ième du Xbre de l’an 1623 âgé de 56 ans ».

Une seconde pierre tombale encore lisible « ici repose le corps d’honorable Alexandre honoré en son vivant, Bailly par le service de son excellence le prince de Chimay à Esclaibe et lieutenant prévost de Beaufort, Fériers le grand et Rousy, décédé le 27 de 9bre 1701 ».

Une troisième pierre octogonale avec au centre le mouton de Saint-Jean, la Croix et la bannière, sur laquelle l’écriture est gothique «  Ci gist Catherine huftier en so tat demorat à Damousies enpouse à Ian lefebvre laquelle trépassa le dite de juillet 1578 Priès dieu pour so ame »

La restauration du clos couvert de cette église a été possible grâce aux concours du Conseil Régional, du Conseil Départemental, de la Fondation du Patrimoine, de la Sauvegarde de l’Art Français, de La Communauté de Communes CCSA, de généreux donateurs et de la Commune d’Éclaibes. Les travaux ont concerné la charpente, la couverture, les maçonneries, les menuiseries, les verrières, les peintures intérieures mais aussi les éclairages intérieurs, le chauffage, l’évacuation des eaux pluviales.

Petite histoire dans la Grande ou l’inverse, un généreux donateur s’appelle Monsieur Pierre D’Esclaibes, qui serait un descendant d’une des branches de la famille D’Esclaibes, dont la généalogie remonte à 1071 et qui occupa le château d’Éclaibes jusqu’en 1591.

La suite des seigneurs d’Esclaibes ne pose pas de problème à partir de 1251. Ce sont les aînés de famille qui se succèdent jusqu’en 1581, année où Jean III sire d’Esclaibes meurt sans enfant légitime. Charles, l’aîné de ses bâtards, en hérite, mais il décède dix années plus tard, célibataire et ayant omis de tester. Aussi Charles De Croÿ, prince de Chimay, Seigneur d’Avesnes, Suzerain d’Esclaibes procède-t-il au retrait féodal en tant que seigneur d’Avesnes dont dépendait Esclaibes. Ainsi retrouve-t-on le lien avec l’église d’Éclaibes, le château et les seigneurs d’Esclaibes.

Sources : Archives départementales du Nord – Centre d’accueil et de recherche des archives nationales – Diagnostic du clos couvert (2009) par Mr. BISMAN, architecte du patrimoine – Essai de Monographie du village d’Éclaibes (1973) par Mr. Lienard – les Glanes du passé (1962), école communale d’Éclaibes.